Adolphe Pégoud, à l’origine de la voltige aérienne

Le pilote Adolphe Pégoud

Célestin Adolphe Pégoud (1889-1915) est considéré comme le pionnier de la voltige aérienne.
Mais au début du 20e siècle, quand il devient célèbre, on parle plutôt d’acrobaties aériennes. L’appellation voltige aérienne s’imposera 25 ans après ses exploits.

Ses débuts dans l’aviation

Dès ses 18 ans en 1907, le français Adolphe Pegoud s’engage dans l’armée. Après avoir servi dans les colonies (en Algérie et au Maroc), il revient en métropole. C’est lors de son affectation à Toulon qu’il rencontre un officier passionné d’aviation, Louis Carlin. Cette rencontre va changer sa courte vie.
Adolphe Pegoud commence à piloter en 1913, à l’âge de 24 ans, après avoir terminé son engagement dans l’armée.

Il obtient son brevet de pilote qui porte le n°1243 sur avion Biplan Farman en mars 1913.
Nous reparlerons des avions des frères Farman dans un futur article.

D’emblée, il se montre curieux et surtout audacieux, cherchant à repousser les limites des avions de son époque.

Adolphe Pégoud : pilote d’essai

Toujours en 1913, Louis Blériot lui propose de devenir pilote d’essai de la compagnie Blériot afin de tester les nouvelles inventions et les améliorations apportées aux appareils.
Juste un petit rappel sur Louis Blériot 😉 Il est le premier à traverser la manche en 1909 à bord du Blériot XI. Le succès de cet exploit et la popularité qui s’ensuit feront s’envoler les commandes du monoplan de son entreprise Blériot Aéronautique !

ll teste un parachute

Adolphe Pégoud a à cœur d’améliorer la sécurité des pilotes. Le 19 août 1913, il décolle de l’aérodrome de Châteaufort dans les Yvelines à bord d’un Blériot XI. Son travail ce jour-là : tester un parachute !
Et alors qu’il saute et que son parachute s’ouvre, il observe avec stupéfaction son avion qui continue à voler… sans pilote ! Le Blériot XI, sacrifié dès son décollage pour cet essai de parachute, décrit des boucles avant de s’écraser, bien évidemment. 

Jamais Pegoud n’avait imaginé engager un avion dans de telles figures ! C’est une révélation pour ce pilote passionné et inventif. Si l’avion y est parvenu seul, un pilote aux commandes doit pouvoir effectuer ces mêmes figures !

Adolphe Pégoud : les exploits

Il y voit l’occasion de sauver la vie des pilotes en difficulté qui pourraient manœuvrer leur avion dans des positions jusqu’alors impensables. Il lui faut à tout prix vérifier cette hypothèse !
Avec le concours de Louis Blériot, le 1er septembre 1913, il est le premier pilote à voler tête en bas sur 400 mètres et le lendemain, il réalise le même exploit sur 700 mètres devant des civils et des militaires !
Huit jours plus tard à Kiev, Piotr Nesterov, un pilote militaire russe, exécutera les premières boucles de l’histoire à Kiev, sur un avion Nieuport IV.

La première boucle complète

La première boucle complète d'Adolphe Pégoud

Le 21 septembre 1913, aux commandes de son Blériot XI, Adolphe Pégoud effectue la première boucle complète enregistrée, un exploit qui confirme non seulement la capacité des avions à effectuer des manœuvres acrobatiques, mais aussi l’habileté et le courage du pilote. 

D’autres vont ensuite effectuer le même exploit comme Edmond Perreyon ou le suisse John Domenjoz, les deux travaillant, tout comme Pégoud pour l’école de vol de Louis Blériot.
Un peu plus tard, Adrienne Bolland sur Caudron G3 enchaînera elle aussi les boucles après son exploit de la traversée des Andes.

Adolphe Pégoud : la maîtrise des acrobaties aériennes

Dès lors, Adolphe Pégoud devient populaire et fait des exhibitions dans toute l’Europe devant des dizaines de milliers de personnes. Il est même prévu qu’il se rende aux États-Unis pour des démonstrations d’acrobaties aériennes. Il devient un maître de la voltige aérienne. Il enchaine avec élégance des figures telles que les renversements, les tonneaux et les vrilles. Ses démonstrations impressionnent non seulement le public, mais aussi les ingénieurs et les autres pilotes, poussant l’aviation à explorer de nouvelles frontières.

Adolphe Pégoud : pilote de l’armée française

Malheureusement, il n’a pas le temps de partir aux Etats Unis. La guerre le rattrape et il est mobilisé. Il fera partie de la liste des “as” français de la première guerre mondiale (c’est à partir de 5 victoires homologuées qu’un pilote est proclamé un “as”) avec une 6e victoire en combat aérien le 18 juillet 1915.
Les acrobaties aériennes comme on les appelle à l’époque permettent au pilote de chasse d’échapper au feu ennemi. Pégoud a ouvert la voie en montrant que les avions pouvaient effectuer des manœuvres acrobatiques : les pilotes de chasse inventent donc de nouvelles figures et se perfectionnent. 

Combat aérien fatal

La carrière de Pégoud est interrompue tragiquement le 31 août 1915 quand il est abattu lors d’un combat aérien par le caporal allemand, Otto Kanduski et le mitrailleur, le lieutenant Von Bilitz.
La mort du jeune voltigeur, à seulement 26 ans, a un écho national et international, relayé par la presse. Le 6 septembre 1945, le caporal Kandulski lâche une couronne de lauriers avec l’inscription “« À l’aviateur Pégoud, tombé en combattant pour sa patrie. Hommage de son adversaire », preuve que les pilotes se portaient mutuellement un haut niveau d’estime.

Pionnier de la voltige aérienne

Adolphe Pégoud, avec son courage et son ingéniosité, a ouvert la voie à la voltige aérienne moderne. Après la première guerre mondiale, les acrobaties aériennes deviennent une activité de loisir puis de compétition. Le terme de voltige aérienne ne sera utilisé qu’en 1938 par Pierre Fleurquin, général de brigade de la patrouille d’Etampes, ancienne patrouille de France.

Les exploits d’Adolphe Pegoud ont non seulement capturé l’imagination de son époque, mais ils ont également posé les bases des techniques et des standards de sécurité utilisés aujourd’hui. 

Futurs pilotes et voltige aérienne

Je vous conseille, futurs pilotes, d’effectuer quelques vols de voltige aérienne pendant votre PPL afin de comprendre les techniques de pilotage si votre avion se trouve dans des positions inusuelles (vrille, vol dos, par exemple).
Depuis le 19 décembre 2019, l’EASA oblige les pilotes professionnels à faire un stage UPRT (Upset Prevention Recovery Training) avant de passer une qualification de type sur avion complexe.

La voltige aérienne est aujourd’hui une discipline respectée et reconnue pour son importance tant dans l’aviation civile que militaire. Vous trouverez davantage d’informations sur le site de la Fédération Française d’Aéronautique.
Et pour clôturer cet article, je vous conseille cette magnifique vidéo « EVAA, les virtuoses du ciel » au sujet de l’École de Voltige de l’Armée de l’Air.

Je vous ai présenté Adolphe Pégoud. Si vous souhaitez lire un article sur un ou une pilote de l’histoire de l’aéronautique, indiquez-moi vos idées en commentaire 🙂 Merci !

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