Le manuel de vol de l’avion
Le manuel de vol : un document obligatoire à bord
Le manuel de vol rassemble les caractéristiques et les modes d’utilisation de l’avion selon une liste standardisée. Tout pilote doit avoir connaissance du manuel de vol de l’aéronef qu’il pilote. Ce travail, en amont du pilotage lui permet d’utiliser la machine en connaissant ses performances mais aussi ses limites d’utilisation.
Le manuel de vol est aujourd’hui un document obligatoire pour tous les aéronefs. Il doit être présent dans l’avion.
Son contenu et sa formalisation ont évolué au cours du 20e siècle.
Un peu d’histoire : les premiers vols sans manuel de vol
Au début du 20e siècle avec les premiers vols, le manuel de vol n’existe pas.
Quand en 1903, les frères Wright réalisent le premier vol en avion de l’histoire, depuis la plage de Kitty Hawk, en Caroline du nord, leur biplan qu’ils ont nommé Flyer n’a pas de manuel de vol !
Ils l’ont construit ensemble, ils connaissent les caractéristiques de leur avion, nul besoin d’un guide détaillé !
Et puis… ils ne sont que deux dans l’avion, ils ne transportent pas de public.

Ils ne sont pas les seuls. Les premiers avions étaient généralement des constructions expérimentales et les pilotes devaient souvent apprendre par l’expérience ou par des instructions verbales.
Alors à partir de quand les avions se sont-ils dotés de manuels de vol ?
Un peu d’histoire : les premiers manuels de vol
Les premiers manuels de vol d’un avion remontent au début du 20e siècle. Avec l’aviation militaire et les premiers avions, avec le début de l’aviation commerciale, juste après la première guerre mondiale, le lien entre la personne qui a construit l’avion et celle qui l’utilise, n’existe plus. Il faut bien expliquer aux pilotes les caractéristiques essentielles de l’avion !
Ces premiers manuels de vol sont souvent rudimentaires, incluant beaucoup d’explications techniques pour comprendre la mécanique des aéronefs et pouvoir les réparer ! Ce n’est que plus tard que les manuels de vols ont été détaillés et spécialisés.
Aviation militaire et notices de vol

Le Farman MF11 est un avion de reconnaissance et un bombardier utilisé pendant la première guerre mondiale, conçu par Maurice Farman (frère de Henri Farman).
La notice de vol du Farman donnait non seulement une description de l’avion mais également des conseils d’entretien, de réglage de l’hélice et de mise en route du moteur.
Naissance des compagnies aériennes
En 1919, les frères Farman ont l’idée de transformer leur bombardier Goliath mis au point à la fin du conflit et peu utilisé, en avion commercial de 12 passagers. Ils le nomment Aérobus. Ce modèle volera jusqu’en 1933.
Ce premier vol, le 8 février 1919 signe le début des premières lignes commerciales.
Le Farman Goliath met 3h40 pour rallier Toussus-Le-Noble à Kenley.
C’est le premier vol commercial Paris-Londres.

Le développement de l’aviation commerciale et militaire
Avec l’essor de l’aviation, il devient nécessaire d’instaurer les règles du transport aérien international en unifiant les règlements, les normes et les procédures de l’aviation civile.
L’OACI est créée lors de la convention de Chicago en 1944.
De même, les pilotes ont besoin d’une documentation détaillée sur les procédures de vol, les performances de l’aéronef et les limitations opérationnelles pour comprendre le fonctionnement de leur aéronef.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’OACI, la FAA (Federal Aviation Administration), les constructeurs aéronautiques comme Boeing, Lockheed, Douglas, Dassault ont produit des manuels de vol détaillés et normalisés pour chaque modèle d’avion, s’inspirant des procédures utilisée dans l’aviation militaire.
Le format et le contenu des manuels de vol ont considérablement évolué au fil du temps.
Le manuel de vol aujourd’hui

Le manuel de vol de l’avion est le mode d’emploi de l’avion. C’est essentiellement un guide détaillé fourni par le fabricant de l’aéronef.
Il est rédigé par le pilote d’essai constructeur à la suite d’un programme d’essais en vol destiné à éprouver l’aéronef et à définir ses performances et son mode d’utilisation. Il précise aussi ses limites !
Indispensable pour les pilotes, le manuel de vol assure la sécurité et l’efficacité des opérations aériennes.
Il doit être approuvé par l’autorité de certification, l’AESA ou la DGAC selon les aéronefs et l’autorité dont ils dépendent.
Quelles informations trouve-t-on dans un manuel de vol ?
Tous les manuels de vol sont rédigés pour un avion spécifique mais avec un format standard. Ainsi, il est simple pour un pilote de trouver l’information qu’il cherche.
Il y 9 chapitres dans tous les manuels de vol :
- 0 Table des matières
- 1 Généralités
- 2 Limites
- 3 Procédures d’urgence
- 4 Procédures normales
- 5 Performances
- 6 Masse et centrage/Liste des équipements
- 7 Systèmes
- 8 Entretien/Maintenance
- 9 Suppléments
Les données contenues dans le manuel de vol sont primordiales pour voler en toute sécurité.
Les vitesses de décollage, vitesses d’approche, les procédures d’urgence se trouvent bien dans le manuel MAIS c’est au pilote de connaître, d’évaluer les paramètres qui rentrent en jeu.
Un exemple de l’utilisation du manuel de vol
A travers un exemple sur l’évaluation de la distance de décollage de mon avion, je vais vous montrer que le manuel de vol nous donne des données précises, mais insuffisantes ! En effet la situation de vol est complexe et doit être envisagée par le pilote dans sa globalité.
Je souhaite connaître la distance de décollage de mon avion sur une piste.
Voilà les paramètres à considérer :
- La température (plus il fait chaud, plus la distance s’allonge)
- La pression atmosphérique (plus elle est faible, plus la distance s’allonge)
- L’état de la piste (sèche, mouillée…)
- La pente de la piste
- La force du vent (vent de face, la distance de décollage diminue)
- La masse au décollage (plus l’avion est lourd, plus la distance augmente)
- Le braquage des volets (plus de volets diminue la distance de piste mais diminue aussi la pente de montée).
C’est au pilote d’aller chercher les informations pertinentes puis de voir comment celles-ci vont modifier la distance de décollage. Pour ce faire, le manuel de vol présente des abaques qui vont permettre la prise en compte des différents paramètres.
Enfin, avant de décoller, il faut comparer la distance de décollage obtenue à l’aide du manuel de vol et la distance de piste disponible réellement.
Là, on se réfère à la carte VAC sur laquelle figure la TODA (Take Off Distance Available).
Si, effectivement, dans les conditions du jour, notre calcul reste inférieur à la TODA, on pourra décoller…
Ah non ! Il faut encore consulter les NOTAM du jour pour voir s’il n’y a pas de particularités comme une piste raccourcie ce jour pour cause de travaux au seuil de piste par exemple.

Je dirais que le manuel de vol est le cadre d’exploitation de l’aéronef. C’est un guide qui fixe des limites sur l’utilisation de la machine.
Vous pouvez poster vos commentaires 🙂
N’hésitez pas à m’indiquer des sujets de théorie aéronautique que vous aimeriez lire 🙂