Mieux maîtriser la trajectoire de votre avion
Conseil de pilotage n°1
Quand vous pilotez, pourquoi êtes-vous toujours en train de pousser ou de tirer sur le manche ?
Pourquoi votre instructeur doit toujours vous dire « attention, on monte » ou « attention on descend » ? Vous allez trouver dans cet article des éléments pour mieux comprendre l’axe de tangage de votre avion.
Qu’est-ce que l’équilibre de votre avion ?
Pour qu’enfin vous arrêtiez de galérer avec votre maintien d’altitude ou de trajectoire, vous devez comprendre ce qui se passe vraiment dans ces moments-là dans votre avion. C’est assez basique mais revenons au tout début.
C’est l’axe de tangage qui pose problème sur une trajectoire.
Sur cet axe, l’avion évolue en cabré ou en piqué sous l’effet de forces. Lesquelles ?

Classiquement, on trouve 2 forces :
La gravité qui s’applique à la masse de l’avion, au centre de gravité CG.
La portance qui s’applique au centre de poussée CP.

Pour un avion 4 places de tourisme type C172 ou PA28,
on dira 1000kg environ de masse
et 10 000 N de poids.
Comment piloter pour agir sur cet équilibre ?
Si vous voulez que votre avion vole, il faudra que la portance soit aussi forte que le poids :
Si P = 10 000 N alors Fz = 10 000 N
Là où ça devient intéressant, c’est que ces 2 forces ne sont pas appliquées au même point !
P -> CG et Fz -> CP
On le voit bien sur le schéma :
Votre avion va avoir tendance franchement à avoir le nez qui tombe.
On appelle ça le couple piqueur
Bonne nouvelle, c’est fait exprès !
Pour que votre avion aille tout droit, il va falloir ajouter une force qui va équilibrer ce couple piqueur. Cette force, on ne l’a pas placée là par hasard, on l’a mise le plus loin possible du couple piqueur pour qu’elle ait un maximum d’effet.
Avez-vous déjà entendu parler de l’effet de levier ?

C’est la déportance : eh bien c’est vous qui la créez et qui la gérez pendant le vol avec votre manche.
Manche à cabrer -> Fz’ augmente
Manche à piquer -> Fz’ diminue
Un exemple d’équilibre : la balance romaine
Il est commode de passer par une image pour que vous visualisiez mieux ce qu’on attend de vous.

Dans ce problème, votre avion, c’est la même chose qu’une balance romaine où la charge (ce que vous voulez peser) est équilibrée par un poids de l’autre côté. Le bon poids est trouvé quand le bras de la balance est horizontal. C’est simple de comprendre que cet équilibre se joue au gramme près…
Alors pour votre avion, c’est pareil !
La force que vous mettez dans votre manche doit équilibrer le couple piqueur au gramme près.
Et tout comme la balance qui va osciller autour de son axe avant de s’immobiliser dans une position (si la barre n’est pas parfaitement horizontale, on remettra ou on enlèvera un peu de poids), dans votre avion, il faudra aussi être patient.
Un équilibre s’obtient par petites touches, jamais du premier coup !
Trimez votre trajectoire comme un pro
Il faut attendre calmement de voir quelle est la tendance du nez de votre avion (il monte signifie trop de Fz’, il descend veut dire pas assez de Fz’) pour intervenir et rectifier la charge de votre profondeur. Pendant toute cette opération, servez-vous de votre trim pour conserver le poids que vous mettez dans votre profondeur (si vous le faites à la main, ça va trop varier).
Procédure pour une trajectoire palier-croisière
Vous êtes en croisière, en palier mais vous sentez que le nez de votre avion voudrait partir en piqué. Utilisez cette procédure :
- J’annule cette force grâce à mon trim
- Je laisse mon avion osciller
- Je constate quelle est la hauteur du nez de l’avion quand il a fini d’osciller (c’est mon assiette, au passage…)
- Je rectifie au manche si ce n’est pas exactement la bonne position
- J’annule cette nouvelle force que j’ai imprimé au manche (généralement, elle est faible, comme quand je rajoute un petit poids dans la balance pour trouver l’équilibre exact)
- Je laisse mon avion osciller et je recommence…
Oui, c’est vrai, parfois ce sera un peu long (surtout si ce jour-là, vous volez dans de l’air turbulent) mais c’est le seul moyen d’obtenir un avion équilibré sur son axe de tangage.
Les pilotes parlent d’un avion bien trimé
Mais bien sûr, on ne trime pas la trajectoire, on PILOTE la trajectoire (c’est la recherche du bon poids dans votre manche) et ENSUITE, on trime ce poids au compensateur parce qu’on ne peut pas maintenir la même force à la main pendant tout le vol !
Voilà ! Maintenant, vous serez sûrement plus confiant dans la précision de votre pilotage en sachant concrètement ce que vous êtes en train de faire.
Ça décolle très bien ce blog 😉👍👌