Métier : militaire pilote d’hélicoptère

Nous avons rencontré Gérald, qui exerce aujourd’hui le métier de pilote d’hélicoptère dans le civil, après avoir fait une carrière dans l’armée, en tant que militaire pilote.
Il nous explique son parcours militaire et comment passer ses qualifications pour exercer dans le civil.
N’hésitez pas à poster vos commentaires en bas de cette page !

Pilote militaire puis pilote dans le civil

Cédric : On se retrouve finalement à la même place, mais on a juste changé d’interviewé, et maintenant c’est Gérald. Ça va être à toi de te présenter parce que je ne saurai pas le faire.

Gérald : La particularité, c’est d’avoir fait 28 ans d’armée avant de passer dans le civil. Donc j’ai une double casquette à la fois militaire, où je vais pouvoir un petit peu raconter mon expérience aéronautique et ensuite la partie civile. Militaire, parce qu’on est d’abord et avant tout un militaire pilote.

Pilote : les idées reçus sur les études scientifiques

Alors je coupe les pattes au canard tout de suite. Tout le monde me dit « il faut être scientifique pour faire pilote ». Non !
Non, j’ai fait un bac B (un bac économique) ensuite je suis parti en droit, j’ai fait une licence en droit privé et une maîtrise en droit public. Et puis après, un jour, j’ai vu la lumière de l’aéronautique et je suis tombé amoureux.
Comment ça s’est passé ? Une préparation militaire parachutiste : je me suis retrouvé face au vide, à la porte de l’avion, 300 mètres de vide devant moi et j’ai dit « c’est bon, c’est là, je veux voler, je veux faire ça ».

La formation de militaire pilote d’hélicoptère

Donc, je suis allé dans un centre d’information et de recrutement de l’armée (CIRFA). J’ai dit « Bonjour, je voudrais voler ». On m’a répondu « Il faut faire pilote, mais c’est très, très, très, très dur ». « Je veux bien essayer ».
Et on s’est retrouvé 3000 candidats, puis finalement on s’est retrouvé 12.
12 à la sortie.

Les sélections pour devenir militaire pilote d’hélicoptère

Si vous souhaitez faire pilote par un recrutement militaire, aujourd’hui sur internet, vous trouverez énormément d’informations, de tutos sur les épreuves que vous allez rencontrer.

Cédric : Et ça fait peur à beaucoup de gens. J’ai beaucoup d’élèves qui me parlent de ces difficultés de recrutement et des tests.

Gérald : Il y a deux aspects. Le premier, c’est l’aspect cognitif à proprement parler, c’est à dire les capacités intellectuelles. Il y a de l’anglais, il y a de la mémorisation visuelle, le simulateur qui est une épreuve tueuse, beaucoup de dissociation, d’attention. Et le deuxième, ce sont les facultés internes.

Les encouragements de Gérald pour devenir militaire pilote d’hélicoptère

Celui qui veut le tenter, le tente. Il faut le tenter. Quoi qu’il en soit, si vous échouez, vous ne dites pas « je suis nul, je suis trop mauvais ». Ce n’est pas le cas.
Pour être pilote, il faut, notamment dans l’armée, avoir une certaine aptitude. Ils vérifient une aptitude à apprendre rapidement. Les épreuves sont faites trois fois et on regarde une courbe. Celui qui est tout de suite très bon mais qui est à l’horizontale sur les épreuves suivantes, ça n’intéresse pas l’armée. Ce qu’il faut, c’est partir d’en bas, faire une deuxième épreuve, la  troisième épreuve, et avoir une courbe ascendante qui prouve qu’on a une très forte capacité d’assimilation et de compréhension.

Cédric :  Dans un temps contraint.

Gérald : Forcément. Tout ça c’est sur Internet, je ne vais pas perdre de temps, mais quoi qu’il en soit, si vous voulez le tenter, tentez le.

Pilote dans l’armée : avant tout un militaire

N’oubliez pas : si jamais vous voulez faire pilote dans l’armée, vous allez être interviewé forcément par un officier supérieur qui va regarder votre motivation de militaire : 

  1. de militaire 
  2. de militaire pilote. 

Ne pas se tromper d’objectif !

Moi j’étais pilote de l’aviation légère de l’armée de terre. Les tests de recrutement de l’armée de l’air sont différents et les tests de recrutement de la marine sont différents. Vous trouverez tout sur internet et il y aura toujours un bon militaire, de bon cœur dans chaque armée qui pourra ensuite vous donner des renseignements sur les forums.

Pilote dans l’ALAT

Cédric : Toi, tu volais dans ce qu’on appelle l’ALAT.

Gérald : L’aviation légère de l’armée de terre, c’est l’armée qui a le plus d’hélicoptères en France. Tout le monde pense que c’est l’armée de l’air. L’Armée de l’air a le plus d’avions et c’est la l’ALAT qui a le plus d’hélicoptères.
Donc voilà, vous passez ces tests, vous réussissez.
Aujourd’hui, la particularité, c’est que dans la l’ALAT, un pilote qui réussit les épreuves est directement lieutenant, officier. Il n’y a plus de sous officier pilote dans la l’ALAT. Il y n’a maintenant que des officiers et ils deviennent ce qu’on appelle des OSC/P : les officiers sous contrat pilote.

Les officiers sous contrat pilote : OSC/P

C’est un premier contrat de dix ans, renouvelable dix ans de plus et il commence d’abord simple pilote, donc à droite dans la machine : « le singe » à qui le commandant de bord va dire « va à droite, va à gauche,ralentit, arrête toi là, face à ». Et au bout de quelques années, une fois que le niveau a augmenté, soit en conception de terrain, en visualisation, en pilotage pur, il fait le stage de commandant de bord et devient commandant de bord. Les meilleurs par la suite deviendront chef de patrouille.
Donc les officiers sous contrat pilotes ont pour seule fonction de piloter. Ils n’auront que très peu de papiers à côté.

Ecole militaire de Saint-Cyr

En revanche, celui qui fait Saint-Cyr, l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, arrive directement officier. Le but est de faire une carrière militaire tout en ayant le pilotage, en étant pilote et en ayant le pilotage.

Cédric : Lui, il va continuer sa carrière après.

Gérald : Il continuera sa carrière.

La carrière militaire de Gérald, pilote d’hélicoptère

Donc voilà, quelques années sous officier, je suis passé officier, ensuite chef de bord, puis chef de patrouille.
J’ai deux carrières et j’ai continué mes qualifications aéronautiques en même temps qu’une augmentation de grade de carrière. J’ai changé de machine très régulièrement. J’ai commencé trois ans sur Gazelle monomoteur. Une fois que je suis passé jeune lieutenant, j’ai fait du Puma, que j’ai continué à faire pendant 20 ans dans la régulière. Ensuite, je suis parti quatre années dans les forces spéciales. Là, je suis passé sur Super Puma, donc des appareils de 9 tonnes, 18 commandos derrière ! Ensuite, je suis passé instructeur. Après quatre années de forces spéciales, j’étais un peu fatigué donc j’ai pensé à transmettre les 10/15 ans que j’avais déjà d’expérience.
Là, je suis devenu instructeur, assez spécialisé dans le vol aux instruments et dans les jumelles vision nocturne et formation du chef de bord, chef de patrouille, IFR. Et là, c’est un des stages les plus durs de pilote, qui dure 14 semaines : 14 semaines de vol sans voir à l’extérieur !
Après, on est bien content, mais c’est un stage qui est quand même assez dur !

De l’armée au pilotage dans le civil

Ça nous amène donc au CPL, au Commercial Pilote Licence IFR, donc Instrumental Flight Rules, et qui ensuite est le premier pas qui permet, comme je l’ai fait par la suite, de passer l’ATPL théorique. 

Nathalie : On est bien d’accord, ce sont des licences civiles ?

Gérald : Ce sont des licences civiles qui sont délivrées dans l’armée. L’ALAT a la particularité d’avoir au sein de l’Ecole de l’Aviation légère du Luc en Provence, un ATO, un Approach Training Organisation, petite structure et un petit pool de 7 ou 8, 10 moniteurs qui sont aux normes civiles, qui entretiennent leurs qualif civiles et qui délivrent les permis civils.

Cédric : C’est quoi l’intérêt ?

Gérald : L’intérêt, c’est de délivrer des qualifs civiles en début deformation. On les laisse en sommeil et le jour où l’OSCP part à la retraite, on lui réactive et il a un tremplin pour aller dans le civil. 

Nathalie : C’est pour cette raison qu’il y a beaucoup de pilotes d’hélicoptères civils qui viennent de l’armée.

Gérald : Exactement.

Cédric : C’est la facilité.

Gérald : Et c’est du donnant donnant. L’intérêt, c’est de donner 20 ans de contrat à l’armée. En contrepartie, on te réactive tes qualifications et ça permet de te reconvertir. C’est un roulement qui permet à l’armée d’avoir des jeunes, d’avoir des gens toujours motivés et en se disant « je rentre là dedans, mais j’ai une porte de sortie ». C’est ce qui m’est arrivé puisque en étant dans cet ATO, j’ai pu avoir mes qualif civiles sur tous les appareils, y compris instructeur de type sur le EC135 T2+. Et en plus je suis IRI, instructeur vol aux instruments sur le T2+.
Par la suite, je suis même devenu examinateur sur tous les appareils sur lesquels je volais et également, ça c’est rare, examinateur vol aux instruments. Donc IRE, 1000 heures d’IFR et des examens assez poussés. On n’est pas nombreux.

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