Observateur météo : un métier essentiel à l’aéronautique
Nous avons rencontré Thierry, observateur de la station météo de Tahiti Faa’a et passionné de nuages. Dans cette interview audio, il nous renseigne sur son métier et les routines mises en place sur l’aéroport de Tahiti Faa’a pour la transmission des messages météorologiques et des messages aéronautiques.
Surveillance de la météo sur l’aéroport
Sur l’aéroport international de Tahiti Faa’a, la station météo est ouverte H24 avec un observateur météo le jour et un observateur météo la nuit.
La transmission des messages météo à l’heure et à la demi-heure
À l’heure ronde, Thierry transmet un message qui est purement météo et quelques secondes après l’envoi du message, les services météo du monde entier connaissent les paramètres comme la la direction du vent, la vitesse du vent, la température, l’humidité, les nuages, la visibilité, la pression, tous ces paramètres qui sont importants pour faire des prévisions.
La transmission des messages aéronautiques
Les messages aéronautiques sont faits à l’heure ronde mais aussi à la demi-heure.
Ils contiennent tous les paramètres qui sont importants pour l’aéronautique. Ils vont être concentrés dans différents messages que les pilotes doivent connaitre et qui s’appellent le METAR et le TAF.
Certains paramètres météo comme la visibilité, la hauteur des nuages, l’arrivée d’un grain sur la station (c’est à dire une soudaine augmentation de la vitesse du vent) vont faire partie de messages que l’on va dire SPECIAL (encore appelés sur certains aérodromes SPECI quand ils émettent des METAR horaires et non semi-horaires).
L’observateur météo envoie des messages SPECIAL (et non spéciaux ici, c’est un terme technique) élaborés sur un franchissement de seuil, que ce soit en aggravation ou en amélioration comme la baisse de visibilité par exemple. La tour de contrôle va être au courant et va donc permettre ou interdire à certains avions d’atterrir en fonction des minima qu’ils ont pour atterrir.
La collecte des données météorologiques
À Tahiti et en métropole, les paramètres météorologiques sont collectés de façon automatique. L’observateur ne se déplace plus et reçoit certaines données directement dans son bureau mais il y a certains pays où l’on fait encore des relevés manuels, c’est à dire qu’il y a quelqu’un qui part avec un carnet d’observations.
L’observateur va dans un abri qui est peint en blanc selon les recommandations de l’OMM, l’Organisation météorologique mondiale. À noter que pour pouvoir comparer les données, il faut que les données soient prises dans les mêmes conditions.


L’abri météo est blanc, avec les portes ouvertes vers le nord, dans l’hémisphère Nord et vers le Sud, dans l’hémisphère sud, pour éviter que le soleil ne vienne taper sur les instruments. Le thermomètre et l’hygromètre sont placés à 1,50 mètres au dessus du sol.
L’estimation de la visibilité : homme vs diffusomètre

Thierry nous explique qu’estimer la visibilité se fait mieux avec un observateur qu’avec un diffusomètre qui mesure la visibilité sur les aéroports. Le débit sur le diffusomètre va évaluer quelques litres autour de l’appareil et donc va estimer une visibilité mais très localement.
L’avantage de l’observateur, quand il regarde, c’est qu’il peut constater : “Dans le secteur Nord, j’ai une averse qui arrive et j’ai 900 mètres de visibilité, alors que la visibilité dominante est de 20 kilomètres partout”.
Thierry connait les genres nuageux et évalue également la nébulosité totale. Par exemple, le ciel est couvert à 4/8, j’ai 1/8 de cumulus à 800 mètres et j’ai 3/8 de stratocumulus à 1500 mètres.
Le codage des messages aéronautiques METAR et TAF
Le METAR

Le TAF

Dans les messages aéronautiques, il y a donc une partie automatique (vent, température, humidité) à laquelle l’observateur ne touche pas et la partie humaine, remplie manuellement. Dès validation, le message METAR va être codé de manière automatique. La tour va alors recevoir le message dans la seconde, mais en plus, ce message va partir sur un réseau de transmission quelques minutes après dans le monde entier.
C’est la même procédure pour les TAF. La première partie du TAF contient la partie observation : on part de telle vitesse de vent, telle température, telle humidité et puis on évalue la probabilité afin que l’avion puisse connaitre normalement le temps qui devrait être le sien quand il va arriver sur l’aéroport.
L’élaboration des cartes WINTEM et TEMSI
Thierry nous expliquent l’élaboration des cartes TEMSI, faites à partir de relevés. Un service s’occupe de ces cartes en fonction des données qui arrivent (les données de radio sondages, les données au sol) et qui vont permettre d’élaborer des TEMSI qui vont donc être des cartes de prévision pour les avions à différents niveaux de vol. Il en va de même pour les cartes WINTEM.


La météo est-elle payante ?
Météo-France est un service public. Son but est d’assurer la sécurité des personnes et des biens, c’est sa première mission.
Si une demande particulière concerne des données en climatologie (une personne a besoin de savoir quelle était la vitesse du vent, tel jour parce que son antenne a été arrachée), elle devra payer pour obtenir ces données mais tout ce qui touche à la sécurité est gratuit.
Les traités et les accords signés dans le cadre de l’OMM, l’Organisation météorologique mondiale font que certaines données sont obligées de circuler gratuitement.
Le parcours professionnel de Thierry, fasciné par les nuages




Depuis l’âge de quatorze, quinze ans, Thierry a toujours été intéressé par les nuages. Ce sont les nuages qui l’ont attiré vers la météo. Adolescent, il avait sa petite station météo et faisait à l’époque des petites prévisions très locales. Un de ses copains qui se déplaçait en deux-roues lui demandait régulièrement ses prévisions. Ensuite, au lycée, Thierry a vu que la Météorologie Nationale (qui, à l’époque, ne s’appelait pas Météo-France ) recrutait des techniciens. Il s’est présenté au concours, l’a réussi et a continué à être passionné par les nuages.
Il a écrit un livre qui sert aux élèves de manuels de cours et que l’on trouve à la bibliothèque de Météo-France. Passionné, il est donc rentré à la météo et a ensuite occupé différents postes puisque la météo regroupe une variété de métiers.
On peut y faire de la climatologie, de l’informatique sans jamais regarder les nuages, on peut faire de la prévision, de l’observation, de l’assistance aéronautique, de l’assistance marine. Il existe beaucoup de métiers.
Thierry a fait beaucoup d’observation ce qui l’a amené à être enseignant à l’École nationale de la météo pendant 17 ans, une des plus belle période de sa carrière, nous a-t-il confié.
Pour avoir le détail de l’interview, n’hésitez pas à écouter le fichier audio 🙂
Je ne sais pas pourquoi mais je trouve cet article et cet interview géniaux 😉 C’est du très bon taf 😎👍👌
Tout à fait d’accord 😉 Merci pour ta participation !