|

Pourquoi existe-t-il un BIA en France ?

Le BIA, une spécificité aéronautique française

Le BIA n’a pas été créé par hasard et il faut noter que c’est une spécificité française.
Nous avons un BIA uniquement en France. Nulle part ailleurs dans le monde, il n’existe une organisation correspondant au BIA qui créé un pont un entre l’aéronautique et l’Education nationale. Voici donc l’origine du BIA 🤔

Pour comprendre d’où vient le BIA

Le front populaire

En 1936, le gouvernement de Léon Blum arrive au pouvoir. C’est ce qu’on a appelé le Front Populaire. L’une des premières décisions qu’il va prendre, c’est la nationalisation des entreprises aéronautiques.
La raison est militaire : tôt ou tard, ce gouvernement sait très bien qu’il va falloir s’engager militairement contre l’allemagne nazie. Pour ce faire, il faudra une armée moderne, bien équipée, notamment d’un point de vue aéronautique.
Et là, la France est vraiment en retard sur ce qui se fait, notamment en Allemagne, car la construction aéronautique francaise est dispersée en de multiples entreprises.

Léon Blum en 1936
Léon Blum en 1936

La nationalisation des entreprises aéronautiques 

Pour ce gouvernement, la meilleure solution, c’est la nationalisation des entreprises aéronautiques afin d’en prendre la direction et de mener la politique de développement qui s’impose.
Il s’agit de regrouper les entreprises aéronautiques pour se donner les moyens de produire des avions modernes et performants. Ces entreprises portent des noms célèbres : Farman, Dewoitine, Breguet, Blériot, Bloch, entre autres, la liste n’est pas exhaustive.

D’autres resteront privées comme Morane Saulnier, Caudron, Latécoère…

Les Sociétés Nationalisées des Constructions Aéronautiques

Cette nationalisation partielle (à noter que les dirigeants conservaient la direction des équipes des bureaux d’étude) va donner naissance à ce qu’on a appelé les Sociétés Nationalisées des Constructions Aéronautiques, les fameuses SNCA, regroupées en 6 régions, qui seront déclinées en SNCA Nord,  SNCA Sud, etc. 

MB211 en décembre 1934

En 1937, la société des Avions Marcel Bloch est donc intégralement nationalisée et devient la SNCASO (SO pour Sud-Ouest).

C’est elle qui produira l’avion de chasse MB150, le bombardier MB170 et le quadrimoteur de transport civil MB161. Société qui deviendra ensuite Dassault aviation.

Ces SNCA deviendront après la guerre de grandes compagnies qui placeront la France sur le devant de la scène aéronautique mondial. On pense à Sud Aviation mais aussi à Airbus et l’Aérospatiale qui découlent de la SNCA. C’est l’histoire de l’aéronautique française et je ne vais pas m’attarder plus sur le sujet.

Pierre Cot, fervent défenseur de l’aéronautique 

Pierre Cot, ministre de l'Air
Pierre Cot en 1928


Là où ça devient particulièrement intéressant, c’est que le ministre de l’air de l’époque, Pierre Cot est un fervent défenseur de l’aéronautique et notamment de l’idée populaire de l’aéronautique.

Il va donc profiter de la nationalisation  pour étendre l’aéronautique aux classes populaires et pour ce faire il va avoir une idée de génie ! 

L’aviation populaire

Jusque-là, l’aviation des années 30 est réservée à une classe élitiste qui concentre des personnes haut placées ou des cadres de l’armée. Pierre cot va s’appuyer sur deux leviers pour démocratiser notre aéronautique :

  • Le premier levier, ce sont les aéroclubs : on passera de 90 aéroclubs en 1932 à plus de 324 aéroclubs en 1937 ! Et cela sous l’impulsion de Pierre Cot !
  • Son deuxième levier va être de demander à l’Education nationale de mettre la main à la pâte. Il va pour cela solliciter le ministre de l’Education nationale de l’époque, Jean Zay . 
Jean Zay, ministre de l'Education Nationale
Jean Zay en 1936


Pierre Cot alors ministre de l’air, avec son ami Jean Zay, ministre l’Education nationale vont créer l’aviation populaire : ce qu’on a appellé les SAP, les Sections de l’Aviation Populaire, sans distinguer l’origine sociale ou le sexe des futurs pilotes.
Voici le concept : dans le cadre de l’école et de 9 ans à 14 ans, est mis en place une éducation à l’aéronautique basique, notamment à l’aide de maquettes. Les élèves qui auront suivi l’éducation à l’aéronautique pourront ensuite se diriger vers un brevet d’aviateur, comme on l’appelait à l’époque, formation dispensée dans les SAP.

Les conséquences seront tout à fait énormes ! Non seulement le nombre d’aéroclubs augmente comme jamais mais l’aéronautique entre dans l’Education nationale. 

Pourtant, le bilan de l’aviation populaire n’est pas si glorieux que ça. Il y a finalement peu de pilotes formés et en plus, l’armée n’est pas très favorable à utiliser ces pilotes là pour la guerre de 39/45.

Du BESA au BIA

Le Brevet Elémentaire des Sports Aériens

Après la guerre, le gouvernement de Charles de Gaulle continue cette action entreprise par le front populaire ce qui en augmentera l’impact. 
Cela donnera naissance au Brevet Elémentaire des Sports Aériens, le BESA dès 1945.

Brevet Elémentaire des Sports Aériens

Le Brevet d’Initiation Aéronautique

Au fur et à mesure des différentes formules, le BESA devient en 1968 le Brevet d’Initiation Aéronautique, le BIA, presque tel qu’on le connaît actuellement. Cette transformation se fait sous l’impulsion de Jean Chammant, ministre des transports du Général de Gaulle. 
Il y aura quelques changements au fil des décennies : le dernier texte de l’Education nationale qui définit le programme de l’examen du BIA date de 2015 . Le contenu du programme du BIA a évolué au fil du temps et des avancées de l’aéronautique.

La France en tête de l’aéronautique mondiale

Le gouvernement du front populaire a eu cette idée géniale de populariser l’aéronautique et son recrutement en allant chercher dans deux directions différentes : en direction des aéroclubs et en direction de l’Education nationale.
Ce double mouvement, ajouté aux nationalisations, a propulsé la France au premier plan mondial de l’aéronautique pour en faire un pays d’aviation.

Dans ce paysage, le BIA est vraiment l’outil d’une ouverture de l’aéronautique et de ses différents métiers à toutes les couches de la population.
Il n’y a aucun autre exemple dans le monde d’une telle organisation, qui permette d’utiliser l’Education nationale pour former des pilotes, techniciens, ingénieurs de demain.

Le rôle des CIRAS et de la FFA
dans l’apprentissage de l’aéronautique

En 1999, un accord est signé entre l’Education Nationale et le ministère de l’équipement, des transports et du logement. Son objectif : développer l’enseignement de l’aéronautique et favoriser toutes activités liées à l’aéronautique.
Dans ce but,  chaque académie, sous l’autorité du recteur d’académie a créé des Comités d’Initiation et de Recherche Aéronautique et Spatiale (CIRAS).
De son côté, la Fédération Française d’Aéronautique, la FFA accompagne également les élèves du BIA en les guidant vers les très nombreux aéroclubs français (plus de 600) avec la licence « Jeunes ailes » puis avec son programme Objectif pilote qui propose des aides financières pour préparer le PPL, la licence de pilote privé.

Le BIA, un diplôme de l’Education nationale


Le BIA est un diplôme qui est organisé par l’Education nationale et il ne faut pas confondre ce diplôme avec les licences aéronautiques délivrées par la Direction Générale de l’Aviation Civile, la DGAC. 
En effet, l’organisation de l’aéronautique appartient quant à elle à une autre organisation administrative regroupée dans une organisation internationale, l’OACI qui va émettre des règlements, intégrés ensuite par chaque pays dans leurs propres organisations nationales. Historiquement en france, c’était la DGAC mais depuis la création de l’Union Européenne, l’aéronautique française dépend de l’EASA.
Un jeune qui obtient le BIA possédera donc un diplôme de l’Education nationale.
Par la suite, les licences aéronautiques seront délivrées par la DGAC.

N’hésitez pas à commenter en fin de page ! Merci pour votre lecture !

Si vous avez aimé l'article, vous pouvez le partager :)

Publications similaires

Laisser un commentaire